La stratégie énergétique de la France, présentée par Emmanuel Macron voici quelques semaines, était une stratégie à moyen terme voire à long terme. Construire 6 ou 12 EPR entre 2035 et 2045, alors que le président actuel aura quitté ses fonctions depuis longtemps, est une stratégie que nous avons été nombreux à critiquer mais qui entre dans le cadre des scénarios envisagés, tant par RTE que par l’Ademe.
Sauf que cette stratégie n’a aucun intérêt dans l’immédiat. Sans parler du risque nucléaire, civil et militaire, qui revient comme un boomerang dans l’actualité, ce projet à moyen terme ne permet nullement de répondre à nos problèmes actuels : la hausse massive du prix de l’énergie, la raréfaction du gaz et la nécessité d’accélérer massivement notre autonomie énergétique, tant à l’échelle française qu’à l’échelle européenne. C’est d’ailleurs ce que propose M. Timmermans, vice-président de la commission européenne, en présentant une nouvelle orientation européenne vers une massification accrue du recours au renouvelable. De manière plus limitée, la directrice générale d’Engie, dans son interview aux Échos du 6 mars, propose une accélération de l’utilisation du Biogaz. Il est évidemment beaucoup trop tôt pour savoir ce que sera notre situation à l’automne prochain mais la nécessité d’assurer notre indépendance par rapport au gaz russe, comme de répondre à la hausse massive des coûts de l’énergie, demeurera.
Dans ces conditions, le sujet n’est pas de construire de nouveaux réacteurs nucléaires ; il est avant tout d’investir dans la sécurisation de centrales existantes pour permettre leur fonctionnement. C’est la seule urgence car la mise à l’arrêt d’un tiers de notre parc est une très grande fragilité de notre approvisionnement en électricité.
Par Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement et avocate
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