La secrétaire d’Etat, Bérangère Abba, a rendu publics ce mardi 15 mars 2022 plusieurs textes : un Plan national d’action contre les espèces exotiques envahissantes, un nouveau plan en faveur des zones humides, et le premier volet de la troisième Stratégie nationale pour la biodiversité. Mais cela est bien loin de faire l’unanimité.
La nouvelle stratégie vise la mise en place de 72 mesures articulées autour de cinq axes : l’utilisation durable et équitable des ressources naturelles, la gouvernance, les financements, la protection des écosystèmes, ainsi que la sensibilisation et la formation de la société. Ces mesures sont censées pallier les échecs des stratégies précédentes.
Toutefois, Madame Abba a précisé que la stratégie gouvernementale serait amenée à évoluer car elle sera amendée lors de la COP15. Comme le souligne Laurent Radisson dans son article paru sur le site Actu-environnement, les critiques adressées à cette stratégie sont très nombreuses et émanent tant du Conseil national de la protection de la nature (CNPN), du Conseil national de la transition écologique (CNTE) que des associations.
Dans son avis du 2 mars 2022, le CNTE a qualifié le projet « d’insuffisamment ambitieux au regard du déclin de la biodiversité, présentant peu de réponses opérationnelles et un calendrier imprécis, et a regretté qu’aucune hiérarchisation ne permette d’identifier les priorités, notamment au regard de l’efficience des actions ».
Quant au CNPN, ce-dernier a affirmé dans son avis du 22 février 2022 que : « Dans de nombreux cas, la SNB3 se contente de lister l’existant et de l’organiser sous forme d’objectifs et de mesures, sans apporter de réelles nouveautés. Elle traite de manière insuffisante les principales pressions, éludant presque totalement l’artificialisation des sols, l’intensification agricole et forestière, la pêche industrielle et l’activité cynégétique. »
L’association Humanité et biodiversité pointe du doigt des mesures non datées et non chiffrées, quand LPO dénonce le manque de financements alloués à ce projet. La loi de finances pour 2022 lui attribue un financement de 5 millions d’euros.
Le volet relatif aux sols et à l’agriculture n’est pas assez abouti, selon le propre aveu de Bérangère Abba. Un grand travail est donc à fournir pour obtenir une stratégie efficace, associant le public et les collectivités à son élaboration, et dotée de moyens suffisants à sa mise en œuvre. Gabriel Ullmann, ancien membre de l’Autorité environnementale, semble sceptique quant aux chances de succès de cette nouvelle stratégie : « Préserver la biodiversité, c’est changer radicalement de mode de société (production et consommation, constructions comprises). Tout le reste est voué à l’échec. Il y aura constamment des impacts, quelles que soient les mesures prises, même à les supposer bien conçues, réalisées, suivies et respectées ».
Par Margaux Berthelard, Juriste documentaliste