Notre modèle agricole reste en état d’addiction aux intrants de l’« agrofinance » et il est devenu urgent d’y mettre fin, en particulier en appliquant le principe « pollueur-payeur », plaide l’ancienne ministre de l’environnement, dans une tribune au « Monde ».
Article publié dans Le Monde – Par Corinne Lepage
L’excellent rapport intitulé « Atlas des pesticides », publié récemment par la Fondation Heinrich-Böll et le collectif La Fabrique écologique, démontre le caractère suicidaire et absurde de l’utilisation massive de ces substances. Notre pays est une des illustrations les plus patentes, pour un pays du Nord, de cette aberration. Alors que des alternatives existent sur notre territoire, la réduction des pesticides se heurte à l’interdiction faite aux maires d’intervenir dans ce domaine au motif que cette autorité particulière n’appartient qu’à l’Etat. Sauf que celui-ci refuse d’en faire usage. Pire, le Sénat cherche à revenir sur les maigres avancées des années antérieures à l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir.
Comment expliquer l’échec du plan Ecophyto lancé en 2007 par Jean-Louis Borloo, les difficultés croissantes auxquelles se heurte l’agriculture bio, l’arrivée de labels contestables comme celui de « haute valeur environnementale », l’échec des objectifs en matière d’aliments bio dans la restauration collective, l’autorisation dérogatoire des néonicotinoïdes, dont il a fallu attendre que la Cour de justice de l’Union européenne [UE] interdise l’usage, en janvier.