Le jeudi 10 février 2022, Emmanuel Macron, en déplacement à Belfort, a annoncé vouloir « reprendre en main le destin énergétique et donc industriel de la France ». Il a ainsi dévoilé un plan de relance du nucléaire civil qui se traduit par la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR2 en France. Il envisage également la mise en place de huit EPR2 supplémentaires à l’horizon 2050. Il a déclaré que : « pour augmenter la production électrique, il faut, à côté des énergies renouvelables, reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France ». Le nucléaire est le troisième axe de la stratégie présidentielle. Emmanuel Macron a également abordé la question des réacteurs modulaires de faible puissance.
Emmanuel Macron a estimé que le scénario visant à développer uniquement les énergies renouvelables n’était pas plus réaliste et envisageable que celui visant à miser à 100% sur le nucléaire. C’est pourquoi il souhaite mettre en place un système énergétique basé sur ces deux piliers. Il estime que : « c’est le choix le plus pertinent d’un point de vue écologique et le plus opportun d’un point de vue économique. Enfin, le moins coûteux d’un point de vue financier. C’est donc pour cela que c’est le choix que nous allons poursuivre ».
Concernant les énergies renouvelables, le Président a prévu de multiplier par dix la capacité du solaire d’ici 2050. Pour se faire, il envisage de lever « toutes les barrières réglementaires à partir du moment où les projets seront acceptés localement ». Cela satisfait le syndicat professionnel de l’énergie solaire, Enerplan, qui souhaite depuis longtemps obtenir une simplification du cadre règlementaire entourant ce secteur. Le Président met également l’accent sur l’agrivoltaïsme, de même que sur certains espaces qui ne sont pas assez exploités selon lui. Cela est le cas des espaces militaires, commerciaux et publics.
L’objectif est d’atteindre la neutralité carbone en réduisant le recours aux énergies fossiles. Pour cela, il faut fortement augmenter la production électrique et rattraper le retard de la France dans le solaire, l’éolien et l’énergie hydraulique. Il a ensuite fixé des objectifs à l’horizon 2050 : il souhaite atteindre une production de 100 GW de photovoltaïque, de 40 GW d’éolien en mer et un peu moins d’éolien terrestre. Concernant l’éolien terrestre et en mer, il y a, selon l’avocat Fabrice Cassin, spécialiste de l’éolien, un véritable déficit d’implantation. Mais la question de l’éolien terrestre est plus sensible car le Président a reconnu que : « Personne ne souhaite voir nos paysages remarquables, nos sites classés, abîmés par des grandes toiles blanches ». Ainsi, les objectifs dans le secteur de l’éolien terrestre ont été abaissés, et son développement dépend essentiellement de l’action des acteurs locaux : « Les maires doivent être ceux qui définissent des secteurs dans les plans locaux d’urbanisme, où l’implantation d’éoliennes sera soumise à condition, là où elle sera possible, là où elle ne sera pas permise ».
Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables, a réagi aux annonces présidentielles : « D’ici à 2035, les énergies renouvelables seront la seule solution disponible pour répondre à la hausse de la demande d’électricité. Nous souhaitons ainsi que la loi de programmation énergétique, qui sera adoptée dès l’année prochaine, inscrive un objectif de 41 % d’énergies renouvelables dans notre consommation d’énergie d’ici à la fin de la décennie ».
Si les réactions concernant les annonces d’Emmanuel Macron dans le domaine des énergies renouvelables sont globalement positives, il en va autrement des projets présidentiels pour le nucléaire. De nombreuses associations de défense de l’environnement s’insurgent. Zélie Victor, responsable de la Transition énergétique au sein du Réseau Action Climat a affirmé que : « Emmanuel Macron se fait le porte-parole d’une industrie nucléaire déjà sur le déclin au lieu d’envisager les véritables solutions que sont les énergies renouvelables et les économies d’énergie. Cette annonce est un pari hasardeux, comme le démontre le fiasco de Flamanville et met en péril l’atteinte de nos objectifs climatiques ».
Margaux Berthelard, Juriste documentaliste