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[Que retenir de la vingt-septième session de la Conférence des Parties ?]

La COP 27 s’est achevée ce dimanche, le 20 novembre 2022, avec plus d’un jour de retard, sur un accord visant à compenser les pays pauvres des dégâts climatiques subis. La directrice de la Fondation européenne pour le climat, Laurence Tubiana, a déclaré que « cette COP a provoqué de nombreuses frustrations mais elle n’a pas servi à rien. Elle a permis d’obtenir des avancées significatives pour les pays les plus vulnérables. Le fond pour les pertes et dommages, un rêve de la COP26 l’année dernière, pourrait être mis en œuvre dès 2023 ».   

Un document de l’ONU (joint à cet article) souligne la faiblesse des engagements pris lors de cette COP pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU, a d’ailleurs fait part de ses regrets vis-à-vis de cette vingt-septième conférence pour le climat : « Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant – et c’est une question à laquelle cette COP n’a pas répondu ». Clément Sénéchal, chargé de campagne sur le climat à Greenpeace France, en tire les mêmes conclusions : « Cette COP27 se termine avec un goût d’inachevé (…) La communauté internationale continue de discuter d’un problème dont elle méprise les causes ». L’Union européenne a également fait part de sa déception. (Accord sur les pays pauvres, recul sur les énergies fossiles : bilan mitigé pour la COP 27 (latribune.fr)

Si cette COP a surpris en créant un fonds sur les pertes et dommages liées au changement climatique, elle ne s’est pas attaquée aux principales causes de ce réchauffement planétaire : les énergies fossiles. Anne Bringault, coordinatrice des programmes du Réseau action climat, a d’ailleurs déclaré : « En clair, les gouvernements se sont mis d’accord à la COP27 pour financer une partie des dégâts causés par le changement climatique, mais pas pour limiter ces dégâts en réduisant davantage les émissions de gaz à effet de serre et l’usage des énergies fossiles » (COP27 : du paradoxe d’accepter de réparer les impacts du changement climatique sans s’attaquer à ses causes (novethic.fr).

Les lobbyistes (plusieurs centaines) du pétrole et du gaz ont donc encore une fois démontré leur puissance et leur poids. « Certains de ces lobbyistes font même partie de délégations nationales, et il y a aussi des gouvernements des pays du Nord qui viennent chercher des opportunités pétrolières et gazières en Afrique, avec d’importantes délégations », affirme Thuli Makama de Oil change international.

Malheureusement, le projet de rapport de la COP27 ne semble pas remettre en cause la place des énergies fossiles, qui ne figurent d’ailleurs qu’une seule fois dans le texte. Ce-dernier invite seulement à privilégier des systèmes énergétiques à faibles émissions « en accélérant les efforts en vue de l’abandon progressif de la production d’électricité à partir du charbon et de l’élimination progressive des subventions inefficaces en faveur des combustibles fossiles ». L’objectif de limiter le réchauffement climatique à +2°C est cependant maintenu.

Cet événement a toutefois réaffirmé le lien entre climat et biodiversité, ce qui est indéniablement l’un des points les plus encourageants de cette COP. Le texte souligne « qu’il est urgent de s’attaquer, de manière globale et synergique, aux crises mondiales interdépendantes du changement climatique et de la perte de biodiversité dans le contexte plus large de la réalisation des objectifs de développement durable, ainsi que l’importance vitale de protéger, conserver, restaurer et utiliser durablement la nature et les écosystèmes pour une action climatique efficace et durable ».

La COP a indéniablement échoué sur le volet des instruments financiers mobilisables pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le texte ci-joint affirme d’ailleurs que la conférence est « gravement préoccupée par le fait que l’objectif des pays développés parties de mobiliser conjointement 100 milliards USD par an d’ici 2020 dans le cadre d’une action d’atténuation significative et de la transparence de la mise en oeuvre n’a pas encore été atteint et exhorte les pays développés parties à atteindre cet objectif ».

Le succès le plus éclatant de cette COP27 est sans conteste la création d’un Fonds relatif aux pertes et dommages et la mise en place d’un comité de transition en charge de formuler des recommandations sur la manière de rendre opérationnels ces mécanismes de financement. La première réunion de ce comité devrait avoir lieu en mars 2023.

Simon Stiell, secrétaire exécutif d’ONU Climat, souligne que « ce résultat nous fait avancer. Nous avons déterminé une voie à suivre dans le cadre d’une conversation qui dure depuis des décennies sur le financement des pertes et dommages – en délibérant sur la façon dont nous abordons les impacts sur les communautés dont les vies et les moyens de subsistance ont été ruinés par les pires impacts du changement climatique ». (La COP 27 parvient à un accord décisif sur un nouveau fonds « pertes et préjudices » pour les pays vulnérables | CCNUCC (unfccc.int) Il s’agit d’une décision particulièrement novatrice qui aidera à n’en pas douter les pays les plus vulnérables à améliorer leur résilience face au changement climatique.

Nul ne peut ignorer que cette COP27 est un rendez-vous manqué qui s’achève sur un bilan extrêmement contrasté. Celui-ci prévoit des solutions pour lutter contre les effets du réchauffement planétaire sans s’intéresser à ses causes directes, ce qui est une équation qui a très peu de chances de faire ses preuves dans le futur, à l’heure où une action concertée et efficace est plus que jamais nécessaire.

Les résultats très décevants de cette COP démontrent plus que jamais le caractère indispensable de la justice climatique.

Voir le Plan de mise en œuvre de Sharm el-Sheikh (Version préliminaire non éditée) : ICI

Par Margaux Berthelard, juriste documentaliste