Les néonicotinoïdes, ou “tueurs d’abeille” viennent d’obtenir une dérogation d’utilisation. Les semences de betteraves sucrières traitées avec cette substance peuvent à nouveau être plantées. Cette substance vient d’être à nouveau autorisée pour une durée de 120 jours par un arrêté publié au JORF le 1er février 2022. L’objectif ? Venir en aide à cette filière qui a subi en 2020 une perte d’environ 280 millions d’euros à la suite de la perte d’un tiers de sa récolte à cause de la jaunisse.
Les néonicotinoïdes sont les insecticides les plus utilisés dans le monde car ils servent à lutter contre les insectes parasites et à limiter la prolifération des pucerons verts. Mais les études scientifiques menées ces-dernières années sont formelles, ces substances entraînent également des conséquences extrêmement néfastes sur la biodiversité, principalement sur les insectes pollinisateurs.
Ils font l’objet d’une interdiction en France depuis l’entrée en vigueur de la loi Biodiversité de 2018, même si une dérogation avait déjà été mise en place l’année dernière pour protéger les betteraves sucrières. Plusieurs associations avaient alors tenté de faire annuler cette dérogation devant le Conseil d’Etat, mais leur recours fut rejeté par un arrêt du 15 mars 2021.
Semblant toutefois prendre en considération l’impact de cet insecticide sur le déclin de nos insectes pollinisateurs et sur l’environnement, cet arrêté s’accompagne de diverses restrictions. Cette dérogation ne concerne en effet pas les cultures dont l’implantation peut être différée.
En outre, il faut limiter la floraison des cultures suivantes pour préserver les insectes pollinisateurs. Enfin, pour ne pas nuire démesurément aux oiseaux et petits mammifères, les semences doivent intégralement être incorporées dans le sol. Il est interdit de semer plus d’une fois chaque année et plus d’une année sur trois sur la même parcelle.
Il s’agit d’un texte surprenant, voire révoltant pour bon nombre d’associations de défense de l’environnement.
Cet arrêté questionne d’autant plus qu’en 2020, le Gouvernement avait déjà lancé “un plan national de recherche et d’innovation de 7 millions d’euros pour préparer la sortie définitive des néonicotinoïdes à partir de la saison 2024 grâce à l’identification et au déploiement d’alternatives aux semences enrobées pour les planteurs de betterave à sucre” comme l’a rappelé le ministère de l’Agriculture. Ce-dernier semble tout de même confiant pour que les néonicotinoïdes ne soient, d’ici 2024, plus qu’un lointain souvenir.
Margaux Berthelard, Juriste documentaliste